Edito 2022 - La valeur des choses

L'automne avance à petits pas vers une nouvelle saison hivernale que nous sommes nombreux, à attendre avec impatience. Mais, il faut se rendre à la raison, nous pouvons avoir des doutes sur son déroulement optimal, remettant sur la table la juste valeur des choses.

Après deux années perturbées par le covid, il semble que nous sachions à présenter gérer la situation de manière plus efficaces et raisonnées face à une pandémie, mais d'autres défis se présentent à nous. Les hivers à faibles enneigements sont une épée de Damoclès pour nous, pyrénéens, depuis de nombreuses années. Mais cette année, la sécheresse apporte son lot d'incertitude (stock pour la neige de culture, baisse de l'enneigement naturel), les périodes de chaleur à répétition rendant le froid hivernal plus aléatoire encore. Rajoutez des coûts d'énergie qui explosent et se répercutent sur les prix des forfaits...

  Avec un peu de recul, on constate qu'en 20 ans les forfaits ont en moyenne doublé leur prix. ET cela ne risque de ne pas s'arrêter. Baqueira et Grandvalira dépassent désormais les 60 euros ! Certaines stations européennes préfèrent même fermer que de faire payer le prix fort aux clients....La fin du modèle du ski populaire.

Mais ce n est pas tout, rajouter à cela, le coût des carburants pour se rendre en station qui explosent... sûrement que les citadins-skieurs vont limiter leur aller-retour...vidant les stations hors congés, les rendant aux seuls locaux ...ou à la Nature, si elles ferment pour faire des économies et ne pas tourner à vide. La fin d'un modèle, encore. Une raison de plus pour se mettre à la rando. 

Le télémark a d'autant plus sa place aujourd'hui, par sa polyvalence. En cela les USA ont 40 ans avance sur nous. Là bas, le nombre de station est plus limité qu'en Europe, les prix des stations sont prohibitifs depuis longtemps, et aujourd'hui même certains forfaits saisons sont limités en nombre de jour d'accès aux domaines !  Le télémark a su trouvé sa place dans ce contexte économique, loin des pistes. Peut être sera t il aussi boosté en Europe pour ces mêmes raisons ? 

Cela dit, la saison 2023 marque la fin programmée de la norme N75 pour les chaussures plastiques hautes comme on l'annonçait cet été. (Scarpa, Crispi et Scott abandonneront progressivement 4 modèles). De l'autre coté, la marque The M-Equipement change d'identité cet automne et devient Inwild Outdoor, pour développer d'autres produits autour des activités outdoor.

Nous n'avons pas de boule de cristal et il est difficile vu le peu d'innovations dans notre sport de se projeter très loin dans l'avenir, mais on sent bien une évolution lente depuis 8 ans (2014, arrivée de la meidjo et de la TTS), réorganisant notre sport vers une pratique plus montagne et randonnée. Peut être aussi à un impact environnemental plus en adéquation avec la plupart de ses pratiquants. Bref, un télémark plus moderne et dans l'air du temps....mais peut être aussi moins accessible à tous du fait du coût toujours croissant du matériel.  La seconde main est surement une alternative. Les shops en ligne freeheellife.com ou telemark-shop.fr en France l'ont bien compris. Il faut aller dans ce sens pour faire vivre notre sport, sinon limité à un trop petit nombre. 

A nous télémakeurs de montrer la voie vers un sport plus durable, afin de contribuer à notre échelle à préserver les conditions nécessaires à la pratique de notre sport préféré. Et reprendre conscience de la vraie valeur des choses. 

Alors s il temps pour vous de revoir votre matériel cette saison, prenez en considération ces réflexions: à quelle fréquence irez vous skier, pour quelle pratique, serez vous sur les starting-blocks quand les conditions seront optimales? Quelque soit vos objectifs, selon vos disponibilités, gardez en tête la vraie valeur du Telemark. L'esprit libre mais les pieds sur terre!