Edito 2016 - Le temps de la reconnexion

Vous me direz que ce n'est qu'un hiver de plus qui arrive.
Moi je vous répondrai que c'est l'Hiver qui commence, avec tout ce qui l'accompagne

de gelée matinale, de ciel transparent, de plantes au ralenti, de soirées au coin du feu et d'après midi pâtisserie en famille. Une fin d'année et un début d'hiver où nos angoisses dans l'attente des premières neiges se font toujours plus palpables, où nos pronostics, nos dictons et nos souvenirs sont toujours de la partie pour nous rassurer, nous inquiéter, nous dire que nous n'aurons plus d'hiver comme avant, et nous dire enfin qu'il va falloir en profiter à fond, ne pas se louper le départ, car une journée de ski ratée, l'est à jamais, tout comme le photographe qui rate son cliché ne trouvera surement jamais plus cet instant de grâce entre la lumière, la scène, son esprit et le déclenchement...il en est de même du ski.


Aussi, quand on sait que ce moment tant attendu approche, il y va de certains rites immuables qui font partis de ce tout. Parmi eux, le rite du fartage des skis de début de saison en ai un, toujours un peu hors du temps, mais essentiel. Hors du temps, car toujours en anticipation, alors que les gens n'ont pas encore la tête ni les pieds dans la neige, on sort le matériel religieusement conservé au printemps dernier, et le plaisir est toujours aussi intense. Tout d'abord la vue des skis, toujours aussi aussi sensuels, esthétiques, galbés mais aussi meurtris par endroit des excès et des fautes de l'année passée...

Ensuite il y a le toucher, la glisse des semelles, la légèreté de ce bout de bois magique et le tranchant des carres, la douce mécanique bien huilée des fixations et des ressorts qui n'attendent qu'à reprendre du service : un juste équilibre entre les différentes parties de ce corps qui nous transporte comme des ailes nous envolent...
Enfin l'odorat. Oui cette odeur chaude de cire fondue étendue sur la semelle, qui se fige toujours trop vite au contact de l'air frais ambiant, cette odeur caractéristique des boutiques de ski dans lesquelles, enfants nous aimions rentrer, annonçant la saison qui démarrait, l'achat ou la location de matériel ou juste le plaisir d'être dans un monde fait de magie, de froid, de neige, de ski...
Pour finir, il y a le temps passé, à faire ce fartage dans le froid qui n'a pas de prix. Ce temps passé qui nous coûte est aussi du temps passé à se reconnecter avec soi même, avec ce qui fait notre identité, notre passion. Un temps nécessaire pour s'envahir d'émotions, de souvenirs. Un temps nécessaire pour figer les saisons passées et repartir avec de nouveaux objectifs, de nouveaux rêves, de nouvelles envies...
C'est ce que je vous souhaite à tous, 
Bonne saison, bon télémark, amusez vous, et soyez prudents.

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